LE GÉNÉRAL OUBLIE
Le général polonais, oublié, est devenu serveur[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]En 1944, ses soldats bloquèrent les Allemands à Falaise-Chambois. Le général Maczek, après guerre, a survécu comme employé d'hôtel à Edimbourg.
Commandeur de la Légion d'honneur. Général en chef des forces polonaises à Londres. Et serveur dans un grand hôtel d'Edimbourg. La fin de vie du général Stanislaw Maczek, « héros » de la poche de Falaise-Chambois, transpire l'ingratitude. L'oubli. L'indifférence.
« Pour nous, Maczek, c'était comme le général Leclerc chez vous, un officier légendaire »,raconte Edouard Podyma, ancien de la 1re DB polonaise, installé à Gouville. Une figure de légende qui termina sa carrière d'abord comme vendeur de journaux puis serveur dans le bar de l'hôtel Learmouth à Edimbourg en Écosse. « Des Écossais s'étonnaient de voir certains clients de l'hôtel se mettre au garde-à-vous devant le serveur du bar. » Maczek reste pour les Ornais le libérateur de la poche de Chambois, combat qui sera commémoré ce samedi 25 août.
Interdit de séjour en Pologne
C'était un guerrier courageux : le 20 août 1944, 2 000 de ses hommes « coincés » en haut d'un promontoire à Coudehard-Montormel, tiennent bon face à 100 000 Allemands qui abandonnent la Normandie vers la Seine. Les soldats du général Maczek repoussent plusieurs fois les assauts des waffen-SS au couteau, à la baïonnette, au casque, à mains nues voire à la bouteille, faute de munitions.
Maczek tient bon, il ne lâchera jamais les Allemands en déroute, les poursuivant jusqu'à Wilhelmshaven où, le 5 mai 1945, il s'empare d'un butin hallucinant : « 19 000 prisonniers, dont deux amiraux et un général, trois croiseurs et 18 sous-marins, 159 canons et 64 millions de munitions, et du ravitaillement pour 50 000 hommes. »
Cette remarquable campagne militaire connaîtra une fin beaucoup moins glorieuse. Les Polonais ne seront pas invités au défilé de la Victoire le 8 juin 1946 à Londres. La Pologne est entrée dans la zone soviétique avec un gouvernement communiste qui ne reconnaîtra jamais le gouvernement polonais de Londres.
« Le général a été déchu de ses droits civiques, se souvient Édouard Podyma. C'était impensable : il n'a reçu aucun pécule. Il a dû subvenir seul à ses besoins pour manger et se loger. Comment les autorités anglaises l'ont-elles ainsi laissé choir dans l'indifférence et la misère ? » En 1971, le général Maczek sera réhabilité par le gouvernement polonais. Un pays qu'il n'aura jamais revu : il est enterré aux Pays-Bas, à Breda, au milieu de ses soldats.
En 1944, il avait confié au colonel Langladde : « Vous êtes un homme heureux, mon colonel. Si vous êtes tué en France, vous mourrez sur votre terre retrouvée. Mais, nous autres, nous allons mourir sur une terre étrangère bien qu'amie, pour la Pologne que de toute façon, nous ne reverrons jamais. »
Eric de GRANDMAISON.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] A la fin de la guerre, la Pologne a été donné à l'Union soviétique et Maczek et ses hommes se sont retrouvés avec quelques options. Face à la persécution, l'emprisonnement et l'exécution possible si ils sont retournés à leur communiste occupés, patrie, beaucoup choisissent de rester dans l'ouest. Service de Maczek à la cause des Alliés a été presque oublié et il a été laissé sans domicile ni perspectives pour l'avenir. Après la guerre, le héros de Falaise a travaillé comme serveur dans un pub écossais ouvert par un de ses anciens sergents. La reconnaissance tardive est venue quand Maczek a été invité à revenir à la ville de Breda pour l'anniversaire de sa libération en 1985 et accueilli en héros. Il est mort en 1994 à l'âge de 102 ans et a été inhumé dans le cimetière militaire polonais de Breda aux côtés de ses hommes qui étaient tombés dans la lutte pour libérer la ville.